
Print of Marseille, une nouvelle page à écrire
Cette imprimerie historique de Marseille a été reprise en mains il y a quelques mois par un expert du marketing et de la communication digitale. Un amoureux du print, aussi, qui souhaite fidéliser la clientèle existante et séduire de nouveaux comptes en développant des services de communication globale, en forme de guichet unique, à destination des TPE et PME locales.
On l’a découverte par hasard lors d’une session running vers la Bonne Mère. L’imprimerie Print of Marseille a attiré notre regard dans la côte du boulevard Notre Dame, avec sa devanture vitrée, grande ouverte sur un atelier tout en longueur, dans ce quartier mixte de la cité phocéenne, à cheval entre l’hypercentre populaire et les hauteurs plus cossues. Quelques mois plus tard, on revient sur place, cette fois en chemise et chaussures de ville. Benoît de Cuverville, le dirigeant de Print of Marseille, 53 ans, nous accueille tout sourire. Ce Breton a repris l’entreprise il y a peu – en janvier 2025 – et ne vient pas du sérail. Il possède un profil d’entrepreneur, avec une dominante dans le marketing et la communication digitale. Mais il a « toujours gardé un œil sur les imprimeries » en vue d’un éventuel rachat d’entreprise, du fait de son intérêt sincère pour les supports de communication physiques. Les premiers mois de M. de Cuverville à la tête de Print of Marseille sont intenses, mais il se dit satisfait. « Je ne réalisais pas tout à fait l’importance du flux… Des clients téléphonent ou rentrent très régulièrement dans l’atelier, donc il faut adresser leurs demandes et organiser la production, tout en essayant de se poser pour réfléchir à notre stratégie d’entreprise. Mais nous sommes bien occupés et c’est bien là l’essentiel ! »
VALORISER LES MACHINES
Chez Print of Marseille, « on imprime tout ou presque », comme indiqué sur un kakemono en arrivant dans l’atelier : grand et petit format, des cartes de visite aux bâches en passant par des étiquettes et de la signalétique, mais aussi du textile. Pour appréhender au mieux le monde de l’impression et ses particularités, le nouveau dirigeant est épaulé par deux collaborateurs évoluant au sein de l’entreprise depuis plusieurs années : Fanny, la responsable PAO et administrative, et Yannick, le responsable d’atelier. Chose assez rare pour être notée, tous les deux sont diplômés des Beaux-Arts. Un profil atypique qui offre une expertise et un œil particulier sur les commandes. « Les Beaux-Arts nous forment à plusieurs métiers, avance le responsable d’atelier. On s’adapte facilement et nous sommes en mesure de travailler différents matériaux. Lancer une impression, en soi, ce n’est pas compliqué. Mais il faut comprendre comment créer des profils, gérer le bruit d’une image, régler des problèmes, etc. Nous possédons un rapport particulier à la couleur et on remarque des choses que des profils plus techniques ne perçoivent peut-être pas. »
Les machines en place dans l’atelier sont des classiques absolus : Xerox Versant 280, Epson SureColor P9500 et HP Latex 700W. Des solutions de référence sur le marché, mais qui ne sont pas encore tout à fait exploitées à leur maximum, selon Benoît de Cuverville. « Le fluo permis par la Versant est compliqué à vendre parce que la plupart des clients ont du mal à se rendre compte de son intérêt et à se projeter. De la même façon, notre Epson et notre HP sont d’une précision diabolique et les rendus sont bluffants, mais il n’est pas simple de valoriser leurs qualités. Donc il existe un vrai enjeu afin de réussir à bien se positionner. » Certaines marques, pas forcément les plus connues, ont bien compris l’intérêt de ces machines de pointe.Sur la table de découpe installée au fond de l’atelier, on remarque ainsi les étiquettes d’une petite entreprise alimentaire. Le dirigeant ne s’en étonne pas et se dit plutôt impressionné par la vitalité de ce type de microstructures évoluant dans le café, la cosmétique ou la parfumerie, qui produisent des volumes limités, mais qui attendent des créations originales et des impressions qualitatives, afin de se démarquer en magasin ou sur les réseaux sociaux.
GARANTIR LA QUALITÉ
Au-delà de marques émergentes, le profil des clients de Print of Marseille est varié, incluant des restaurants, des cabinets d’avocats, des associations, ou encore des artistes dans le cadre d’expositions. Mais une caractéristique les rassemble : il s’agit essentiellement de TPE, PME et autres petites organisations de la région marseillaise. A date, même s’il faut reconnaître qu’on manque de recul, le changement de propriétaire ne semble pas avoir influé sur la fidélité des clients. La présence d’employés historiques semble jouer à plein. « J’ai repris la main, mais Fanny reste incontournable pour le bon fonctionnement de l’entreprise. Les clients l’appellent d’ailleurs encore aujourd’hui en priorité pour toute demande », précise le dirigeant.
On poursuit la visite en grimpant à l’étage par un escalier en colimaçon. Là-haut, c’est la chasse gardée du marquage textile. Des cartons de t-shirts siglés SOS Médecins, qui possède une antenne à quelques pas d’ici, sont prêts à être récupérés dans le cadre d’un séminaire au Sénégal. Une personne s’occupe des commandes à temps partiel, selon l’afflux des demandes clients, sur une Brother GTX et une presse Sefa. « Nous réalisons des commandes entre 10 et 200 pièces, rarement plus, car nous ne sommes pas équipés pour répondre à de très gros volumes », reconnaît M. de Cuverville.
Pour les demandes nécessitant une technique non hébergée par l’imprimeur, comme la broderie par exemple, Print of Marseille sous-traite auprès d’un nombre restreint de spécialistes locaux. Le dirigeant l’annonce en toute transparence à ses clients. « Je garantis la qualité du rendu final. A vrai dire, peu importe si on imprime ici ou non. S’il y a un souci dans la production, on la relance, auprès de sous-traitants ou en interne. On ne jouera jamais sur le volume, donc nous nous battons sur le service, en étant réactifs, irréprochables, mais aussi force de proposition. »



COMMUNICATION 360
Car Print of Marseille ne veut plus être considérée comme un imprimeur stricto sensu. Sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, l’entreprise a élargi son champ d’action à l’ensemble du spectre marketing et communication. « Le marketing est un terme qui fait parfois peur aux TPE et PME, car il sous-entend que ça va être compliqué, cher, etc. Nous, c’est tout le contraire. Notre valeur ajoutée, c’est de challenger ces entreprises qui n’ont pas les ressources en interne. » Le dirigeant a un exemple précis en tête. « Il y a quelques jours, des ingénieurs en électrotechnique sont venus chercher leur première plaquette. Ils étaient satisfaits, mais je voyais des pistes d’amélioration, que j’ai partagées. Une heure après, les clients m’ont demandé un devis pour refaire la plaquette, alors qu’ils venaient de la récupérer. Et depuis, on leur a imprimé des roll-ups, entre autres choses. »
L’impression représente une porte d’entrée en vue de proposer un panel d’accompagnement et de services plus larges en termes de communication, tel un guichet unique : création de sites web, envoi de SMS publicitaires, intégration d’un CRM, etc. Une approche globale auprès des clients de l’imprimerie qui sonne comme une évidence pour M. de Cuverville. « Aujourd’hui, on doit être 360. Le print et le digital se marient bien pour assurer des campagnes efficaces et de nombreux dispositifs peuvent être mis en place de manière simple, pragmatique et peu onéreuse. Pour un budget de 400 euros, si ça ne marche pas, ce n’est pas une catastrophe. Si ça fonctionne, on appuie sur l’accélérateur et on augmente le volume. »
L’objectif étant de servir le client et de délivrer de manière pragmatique, en fixant toutefois des limites. « On doit se montrer de capables de valoriser un peu plus notre travail, du retraitement des fichiers graphiques à l’impression en passant par des prestations annexes. Le sens du service ne doit pas nous faire oublier la rentabilité. Il faut qu’on parvienne à remonter le curseur des prix, en faisant preuve de pédagogie et en prouvant un retour sur investissement. » Comme par exemple auprès de ce client qui s’est laissé séduire par du doming, en lieu et place d’étiquettes traditionnelles. « C’est aussi notre mission de démocratiser ce type de solutions auprès des petites structures, qui ne savent pas toujours qu’elles existent. » Sachant que la région de Marseille concentre 96 % de TPE, la base de prospection s’annonce particulièrement prometteuse pour Benoît de Cuverville et son équipe.
UNE TRANSITION ÉCOLOGIQUE EN COURS
Malgré sa récence à la tête de Print of Marseille, M. de Cuverville s’est déjà rendu sur le salon C!Print Lyon, en février dernier. Sur une idée de Xerox, il a visité le stand de Green R, un label certifiant l’écoresponsabilité des professionnels des arts graphiques. Une feuille de route précise est désormais offerte au dirigeant, qui, dans une vie parallèle, s’attèle à la décarbonation du nautisme. « Plusieurs réunions se sont déjà tenues pour déterminer notre position sur les sujets RSE. L’audit est en cours, nous avons listé tous les points d’amélioration et nous évaluons dans quelle mesure Green R peut nous accompagner. La phase active va bientôt débuter et de premières mesures concrètes vont être mises en place. »