Oxysign et Toit de Paris : une belle histoire de réemploi pour une signalétique bas-carbone
Il est des rapprochements qui relèvent de l’évidence. C’est le cas d’Oxysign et Toit de Paris. À l’origine, un matériau emblématique – le zinc des toits parisiens – et une entrepreneure déterminée, Constance Fichet, qui transforme cette ressource patrimoniale en objets porteurs d’histoire… avant de voir le secteur du BTP frapper à sa porte. Cette démarche artisanale vient d’entrer dans une nouvelle dimension industrielle en entrant dans le giron d’Oxysign, nouveau titan de la signalétique française.
L’idée fondatrice de Toit de Paris remonte à un souvenir d’enfance. « Mes parents m’avaient rapporté un morceau du mur de Berlin, et cela m’a profondément marquée », raconte Constance Fichet, dirigeante de l’entreprise. De cette émotion tactile – tenir un fragment d’histoire – naît, quelques années plus tard, un projet : façonner des objets (porte-clés, cartes d’arrondissements de la capitale) à partir de matériaux extraits des toitures parisiennes en réfection. Le concept séduit très vite. La presse s’y intéresse, les boutiques de musées suivent, et la jeune marque trouve sa place dans l’écosystème des produits culturels et touristiques premium. Mais le plus inattendu reste à venir : le monde du BTP repère Toit de Paris.
DU CADEAU AU BTP
Alors que l’entreprise se développe dans l’univers du cadeau, des acteurs du bâtiment – maîtres d’ouvrage, structures engagées dans la décarbonation – sollicitent Constance Fichet pour… de la signalétique bas carbone. « Nous n’y avions jamais pensé, mais les demandes affluaient. Au bout d’une dizaine de devis, on a commencé à se poser des questions », présente-t-elle dans un sourire.
La raison est simple : le bâtiment, soumis à des exigences croissantes en matière d’impact environnemental, cherche à valoriser ses démarches de réemploi. La signalétique, visible et durable, se révèle un levier idéal. Toit de Paris apporte alors un matériau noble, chargé d’histoire, cohérent avec la notion de cycle de vie, et surtout maîtrisé artisanalement. Une étude de faisabilité financée par des éco-organismes plus tard, la jeune structure se retrouve en discussion avec la plupart des grandes structures du BTP. La signalétique devient un axe stratégique naturel.
« ÉCRIRE LA SIGNALÉTIQUE DIFFÉREMENT »
C’est dans ce contexte qu’intervient Oxysign. « C’est vraiment une histoire d’affinité », résume Constance Fichet en évoquant sa rencontre avec le dirigeant de l’entreprise spécialiste de la signalétique, Sébastien Trautmann. Ils partagent une même sensibilité pour la matière et une vision commune. « Sébastien est un passionné. Quand il a rencontré Toit de Paris, il a trouvé cela fabuleux et a adhéré tout de suite au projet. Quand il l’a présenté au comité de direction, tous les membres étaient aussi ravis de s’y investir », se félicite Nathalie Jolly, directrice des relations commerciales et marketing d’Oxysign.
L’alchimie opère. Oxysign apporte sa puissance industrielle – machines, connaissances matériaux, expertise en installation -, Toit de Paris son expertise artisanale et sa maîtrise des matériaux de seconde vie. Le rapprochement s’est conclu naturellement et Toit de Paris est devenu depuis peu une filiale d’Oxysign. Une nouvelle acquisition riche de sens pour un groupe désormais leader de la signalétique en France, à la suite de son rapprochement avec Semios en mai 2025.
« Toit de Paris s’inscrit pleinement dans notre démarche RSE, pointe Nathalie Jolly. Tout le monde en parle, mais nous avons l’ambition d’écrire la signalétique différemment. Recycler du Dibond, c’est essentiel, nous en utilisons au quotidien. Mais arriver à proposer des matériaux qui soient en circuit court, en réemploi, recyclés et recyclables à l’infini, c’est quelque chose qui nous anime vraiment. »

INTERNALISER LES SAVOIR-FAIRE
Suite à son rachat, le bénéfice le plus immédiat pour Toit de Paris consiste dans l’internalisation complète de sa chaîne de valeur. « Nous allons récupérer 400 m² de stockage en Île-de-France, ce qui nous permet d’accélérer sainement », explique Constance Fichet. Collecte, tri, façonnage, marquage : tout sera désormais intégré, garantissant la qualité du matériau et la reproductibilité des pièces réalisées. Il s’agit d’un point crucial car le zinc n’est pas un matériau standard. Il ne passe pas dans n’importe quelle machine et ne se travaille pas comme du neuf.
Avec l’appui d’Oxysign, la part de la signalétique dans l’activité de Toit de Paris va mécaniquement croître. « C’est inévitable… Et surtout, cela a beaucoup de sens », explique sa fondatrice. Car si les objets racontent une histoire, la signalétique permet de toucher des lieux, des chantiers aux bureaux en passant par les musées, et d’incarner de manière visible la transition écologique engagée dans le secteur du bâtiment et ailleurs. Le projet est de montrer, expliquer et valoriser le réemploi, afin de rendre tangible une démarche bas-carbone par un matériau lui-même issu de l’existant.
Et ce n’est certainement que le début de l’aventure. Car les domaines applicatifs devraient s’étendre à mesure que les deux parties découvrent toutes les potentialités du matériau, mais aussi parce qu’Oxysign investit largement dans la R&D. « Le rachat de Toit de Paris s’inscrit dans une démarche complète. Les ingénieurs matériaux au sein de notre laboratoire d’innovation à Rennes planchent sur des éléments complémentaires au savoir-faire de notre nouvelle filiale. Ils devraient voir le jour dans les mois qui viennent et s’annoncent très prometteurs en termes de durabilité », s’enthousiasme Nathalie Jolly.