Abonnement

The Point Newsletter

    Sed ut perspiciatis unde omnis iste natus error.

    Follow Point

    Commencez à taper votre recherche ci-dessus et appuyez sur Entrée pour rechercher. Appuyez sur Échap pour annuler.

    Post Industrial Crafts : un design vertueux qui tombe à pic

    Fabriquer avec art de façon industrielle mais vertueuse, c’est le défi relevé par Post Industrial Crafts. Depuis 2023, l’entreprise stéphanoise imagine du mobilier urbain et des structures évènementielles usinés en imprimante 3D avec du plastique recyclé, récupéré en local. La matière du moment ? Des phares de voiture en polycarbonate transformés en granulés…

    Imaginez des phares de voiture. Broyés et passés à l’extrudeuse, ils deviennent une pâte molle et modulable. Cette colle de polycarbonate va être introduite dans un crayon XXL fixé à un bras robotisé qui se déplie dans les airs. Sous vos yeux, un dessin en 3 dimensions prend la forme d’une installation ludique pour aires de jeux. Le processus de fabrication à partir de plastique recyclé et d’impression 3D grand format a été imaginé par Guillaume Crédoz, architecte et designer. « J’ai commencé à imprimer en 3D il y a 30 ans. J’ai appris la technique en Amérique du Nord, en tant qu’architecte. Mes professeurs étaient les créateurs des premiers logiciels. »

    Devenue une entité à part entière en 2023, PIC existe pourtant depuis 2015. « C’était au préalable une branche de Bits to Atoms, ma société de fabrication digitale qui s’intéresse à plusieurs matériaux. PIC s’occupait des plastiques recyclés. » Le spin-off est lancé par Guillaume Crédoz, architecte de métier, rejoint quelques mois plus tard par Cédric Nieutin qui « développe la partie économique, financière et juridique. »

    ARTISAN À LA MODE INDUSTRIELLE

    Post Industrial Crafts utilise la technologie d’impression 3D de manière industrielle dans la conception de l’objet, mais garde un savoir-faire artisanal par l’unicité du modèle. « Nous signons nos objets et nous fabriquons nos machines. On recycle de grands bras robots de l’industrie automobile, récupérés d’occasion, et on leur donne un second cerveau pour que l’imprimante 3D les utilise. On fabrique notre outil, on cherche notre matière, et on fait ça sur demande. Nous ne fabriquons pas de gros stocks. »

    Comment cela se passe-t-il concrètement ? « Je dessine des lignes et le robot va les reproduire dans l’espace en laissant derrière lui une trace de plastique mou et collant qui se solidifie en refroidissant. C’est comme ça qu’on fait tous nos objets. » Pour une chaise, il faut compter une heure, pour un banc entre cinq et six heures.

    Le projet de PIC est de revenir au savoir-faire de l’artisan, tout en l’intégrant dans le monde contemporain. « L’artisanat est une bonne échelle qui a fonctionné des milliers d’années sans brûler la planète. C’est ce qu’on veut retrouver. Nous sommes dans un artisanat post-industriel. On utilise des outils de l’industrie, mais à une échelle artisanale », explique Guillaume Crédoz.

    DU MOBILIER URBAIN AUX STRUCTURES ÉVÈNEMENTIELLES

    L’atelier cherche encore son marché en développant différents produits, plutôt à destination des collectivités et des entreprises. « On fait du mobilier urbain, des objets domestiques, des chaises de bureau, des petits pavillons pour des expositions, etc. »La structure la plus imposante est une balançoire longue de 40 mètres conçue pour le Design District, un quartier hype de Dubaï. L’objet le plus petit fait 1,2 kg : c’est une lampe imprimée aujourd’hui à plus de 300 exemplaires.Ces structures et objets sont uniquement monomatériaux et issus du recyclage. « On ne mélange pas les matières pour pouvoir récupérer l’objet au besoin. S’il est cassé, on le broie et l’imprime à nouveau, parce qu’il y a plusieurs cycles dans ce plastique-là. »

    La matière recyclée est locale. Celle du moment, ce sont des phares de voiture en polycarbonate transformés en granulés par SEDEM, entreprise d’Yssingeaux (Haute-Loire) qui valorise les déchets plastiques. « Le plastique a un impact environnemental, la seule solution serait de ne plus en produire. Mais on peut le recycler et il a quand même des propriétés intéressantes. Le polycarbonate est très spécial. On en fait des boucliers de CRS parce que c’est incassable, des visières d’astronautes parce qu’on ne sent pas le froid avec, ou encore des phares de voitures parce qu’il a une qualité optique. Dans l’ensemble des plastiques, le polycarbonate, c’est un peu le sommet… »

    PIC va bientôt se diversifier en termes de matières premières : « On vient d’avoir une subvention de l’État pour travailler sur le polyester. On est en train de recycler des couettes. On va essayer aussi avec des polaires pour faire du mobilier avec. » La start-up stéphanoise envisage également à moyen terme de développer des projets architecturaux. « Nous tentons d’aller vers l’échelle du pavillon et des statues de proto-architecture. Ce n’est pas évident, parce que c’est très normé et particulier, mais on y croit. »